Le costume n’est pas qu’un simple vêtement ou accoutrement, mais aussi un attribut culturel, expression d’un génie propre d’une nation. Il est de ce fait une expression de son identité,tout comme le kimono pour le Japonais, le keffieh ou thawb pour l’Arabe.
Le costume n’existe pas que sous forme indicative. Il serait plus approprié de parler de costumes (au pluriel) selon les régions, les catégories de citadins ou de ruraux, les saisons, les occasions (mariages, circoncisions pour les enfants, deuil), les classes sociales, les matériaux, les fonctions (oulémas, makhzéniens, artisans, soldats), etc. Il n’y a pas un costume marocain, mais des costumes marocains. Et c’est la pluralité des formes qui atteste de la richesse du concept. Certes, le costume est l’expression d’un génie du lieu aussi. La djellaba ou le burnous sont à la fois vêtement, mais d’un usage multifonctionnel : habit ou couverture, comme le dit Hassan Lyoussi, vantant les mérites de son burnous, face aux aléas de la température, et les contingences. Mais le costume n’est pas figé pour autant, il évolue en fonction de l’évolution des sociétés et des différents apports. Les costumes que portent les haddarates de Chaouen sont une survivance des derniers Andalous. Le jabador, corruption du mot bachador (ambassadeur), emprunte à la forme deux pièces avec gilet des ambassadeurs. Le fez, appelé jusqu’aux années 1930 «tarbouch tounsi», est une appropriation. Le khunt ou le boubou des contrées sahariennes n’est que la corruption de la ville anglaise de Kent, où on fabriquait le tissu (comme les Jeans réfèrent à la ville de Gênes, de même que le j’noui-couteau) pour désigner dra’iya.
Par Hassan Aourid
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