Au XIXème siècle, dans le Maroc traditionnel, la culture populaire est exclusivement orale et les poètes sont les gardiens de la mémoire commune. Entre religion et coutumes, ils récitent la vie quotidienne du quidam marocain. Aucun n’a porté cet art de la parole à son acmé que le poète-marabout meknassi, Sidi Kaddour el-Alami. Pleins feux sur la vie d’un aède ascète.
Nous sommes au XVIIIème siècle, et ni les recueils paroissiaux, ni l’Etat civil n’existent au Maroc. Du coup, en l’absence de documents fiables, difficile de tracer l’enfance et l’adolescence de Sidi Kaddour Alami. Malgré tout, à ce propos, deux versions s’opposent : celle de l’historien meknassi Ahmed ibn Zaydan, chroniqueur de sa ville natale ; et celle de la tradition orale. Zaydan est affirmatif ; Kaddour est né à Meknès intra-muros. Cependant, la transmission orale vient le contredire. El-Alami serait arrivé à Meknès en famille durant sa tendre enfance depuis Jebel ‘Alam. Quoi qu’il en soit de ces sources, une chose est totalement certaine. Sidi Kaddour el-Alami est bien un aède meknassi. Personne ne peut le lui enlever. Toujours est-il que c’est dans la mosquée mérinide de Lalla Aouda, dans la médina de Meknès, qu’il entame son éducation. Par la suite, c’est à la Grande Mosquée de la ville, comme il y en a dans toutes les cités de l’Empire chérifien, qu’il va perfectionner son arabe. Les témoignages attestent de la proximité affective qu’il avait avec son père, de la protection que lui assurait ce dernier pour lui éviter toute mauvaise fréquentation. Néanmoins, d’autres sources avancent que Sidi Kaddour el-Alami était totalement illettré. Difficile de faire la part des choses, et pour peu dire, cette incertitude historiographique dérive de la nature même des sources qui sont orales et par voie de conséquence malaisément vérifiables.
Par Farid Bahri
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