La DGSN (Direction Générale de la Sûreté Nationale) ou simplement Sûreté Nationale est la désignation de la police marocaine qui opère aujourd’hui dans nos villes. Elle voit le jour le 16 mai 1956, c’est-à-dire quelques mois après l’indépendance. Ses missions sont multiples ; enquêter, investiguer, sécuriser… Pourtant, la police marocaine n’est pas née subitement avec la proclamation de l’indépendance du pays. Elle est bien l’héritière d’une police protectorale ; la police chérifienne créée en 1913. Dépoussiérage.
« Ma main est encore collée à la poignée quand un embout métallique me glace la nuque. Deux hommes portant les insignes de la police chérifienne paraissent plutôt heureux de me rencontrer » (Le dernier car, 2000) narre Michel Leydier, auteur de nouvelles. Il est né à Casablanca et y a vécu vingt ans avant de migrer en France. Il montre s’il le fallait à quel point son imaginaire d’enfant puis d’adolescent est marqué par les galons des policiers chérifiens. Un univers de médaille qui a fasciné l’essayiste Pierre Rousseau. Une passion dont il nous fait part dans un remarquable ouvrage Ordres et décorations de l’Empire chérifien au temps du Protectorat français au Maroc 1912-1956 (Versailles, mémoires et documents, 2005). Au Maroc, faut-il l’avouer ; la police est bien une invention du Protectorat français. Avant 1913, il n’y a pas de corps de police dans l’Empire chérifien. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de service étatique dédié à la sécurité des sujets du Sultan. En fait, ce sont les mokhaznis, des supplétifs du guich, qui ont pour rôle de veiller à la paix sociale. À leur tête le mouhtassib, équivalent de nos jours à un commissaire.
Par Farid Bahri
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