De la clandestinité à l’action légale, de la radicalité sans concession au pragmatisme politique et à la conciliation, les islamistes issus de la Chabiba ont réussi à réaliser une transformation majeure de leur mouvement pour devenir un grand parti politique.
Avant les révoltes arabes et les victoires massives des partis islamistes aux élections en Tunisie, au Maroc et en Egypte, les dirigeants du PJD citaient souvent une phrase attribuée au Tunisien Rached Ghannouchi pour décrire la méfiance de l’Etat et des partis de gauche au Maroc à l’égard des islamistes : «Même s’ils nous voient pendus, ils ne nous croiront pas, et ils vont penser que c’est une ruse». Les islamistes marocains ont toujours été considérés comme détenteurs d’un «agenda secret», menant un jeu trouble et tenant un double discours : une rhétorique démocratique, pluraliste, où ils déclarent accepter les différences et le débat, et un autre discours, totalitaire et fanatique, destiné à leurs bases et reflétant leur véritable nature. Selon cette conception, les élections pour les islamistes ne sont qu’un tremplin, un moyen d’accéder au pouvoir, qu’ils vont s’empresser de confisquer et exercer sans partage, au nom de Dieu et de la religion. Les exemples du parti nazi, qui a établi un régime totalitaire en Allemagne après sa victoire aux élections de 1933, ainsi que la révolution iranienne de 1979, qui a instauré une théocratie après avoir éliminé toute forme d’opposition, sont fréquemment rappelés pour dénoncer le « péril islamiste ».
Par Abdellah Tourabi
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