De l’aube des années 1930 jusqu’à l’Indépendance, la presse nationaliste joue un rôle majeur mais sous-estimé dans l’histoire du pays. Le combat des plumes fait rage et les jeunes journalistes marocains deviennent le fer de lance du mouvement nationaliste.
Le départ du maréchal Lyautey et la fin de la guerre du Rif inaugurent la véritable naissance de la presse nationaliste. Il paraît désormais évident que la lutte pour la dignité des Marocains (et non pas encore pour l’indépendance) ne peut se faire par la force. Durant les années 1920, quelques érudits de l’Université de la Qaraouiyine de Fès ont bien tenté de faire passer des messages sur des manuscrits clandestins. Des publications archaïques du nom d’Al-Watan (la patrie), Al-Qati (l’épée tranchante) ou Al-Madrasa (l’école), sont passées entre les mains d’une élite lettrée et religieuse, frustrée de ne pas pouvoir faire circuler sa pensée. La presse structurée doit devenir la nouvelle arme d’un mouvement national naissant. Elle permet de rendre plus audible la déception des Marocains, pour qui le traité de protectorat aurait dû permettre des réformes à même de développer le pays et d’en faire profiter sa population. Or, le protectorat ressemble de plus en plus à une colonisation dans les règles, à savoir l’exploitation des ressources humaines et naturelles du Maroc. Néanmoins, la chape de plomb imposée par l’ancien Résident général a toutes les raisons de s’assouplir. En métropole, avec la crise économique de 1929, le vent politique semble s’orienter à gauche et le nouvel homme fort du Maroc, Théodore Steeg, est un civil protestant, membre du parti radical-socialiste.
Par Sami Lakmahri
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