Bien que la nationalité marocaine reste une question relativement récente, le débat, voire la polémique autour de la «binationalité» sont en réalité très anciens. Avec les Morisques refoulés d’Espagne, et plus encore avec les protégés des consulats européens, les habitants d’al-Maghrib al-Aqsa se frottèrent très tôt à ce débat sur l’appartenance, la loyauté…
La binationalité, tel qu’on la conçoit aujourd’hui, est donc une affaire ancienne et complexe, même si elle se posait dans des termes différents, propres à chaque époque. Zamane vous propose un nouveau voyage dans le temps pour découvrir les origines et, surtout, les mille et un visages d’un débat vieux… comme le Maroc.
Des morisques chassés d’Espagne jusqu’aux protégés, et du choc de la pénétration française à l’Est du royaume jusqu’à l’établissement du protectorat, en passant par les vagues d’immigration marocaines en Europe… Un long détour, dans le temps et dans l’espace, avec des éléments nouveaux et parfois inédits sur l’identité marocaine.
Plus que les invasions hilaliennes, qui ont pourtant atteint des sommets sous les Almohades, c’est surtout l’arrivée des Andalous, chassés d’une Espagne en pleine reconquista, qui a perturbé ce qu’on pourrait appeler les équilibres identitaires dans le Maghrib al-Aqsa. Installés dans le littoral atlantique et quelques cités-Etats comme Fès ou Salé, ils apportèrent leur science, leur savoir, leur raffinement, et formèrent ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui des «élites urbaines». Un hiatus se produisit au sein de la société marocaine d’alors, dominée par la ‘Asabiya tribale. Les «Andalous» devinrent une tribu à part entière, à la mosaïque et la configuration territoriale très différente des autres : elle était transmaghrébine, s’implantant aussi sur les côtes tripolitaines, ifriquiennes et algériennes ; elle n’avait aucune «capitale» mais elle allait mettre sous sa coupe la plupart des centres urbains.
Par la rédaction
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