Les vacances estivales approchent à grands pas. Et avec elles, du moins pour les futurs bacheliers, le choix de l’orientation dans les études supérieures. En 2016, ils étaient 431.934 à passer le baccalauréat. À titre de comparaison, en 1956, les bacheliers marocains étaient au nombre de 1.395. À cette époque, le pays comptait 2.000 étudiants, il en compte aujourd’hui plus de 500.000. En matière d’enseignement, le royaume revient de loin. Il a évolué à vitesse grand V, mais a connu et connaît encore de nombreuses lacunes. Parti de rien ou presque, l’enseignement supérieur marocain a démarré deux ans après l’indépendance; plus précisément en 1958, avec la création de l’Université Mohammed V à Rabat. Dans la foulée, en 1961, le pays a connu l’ouverture de la première faculté de médecine de Rabat, de l’École Mohammadia des Ingénieurs (EMI), de l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (INSEA) et de l’École normale d’administration (ENA). Médecins, cadres, ingénieurs… le pays manquait de tout, notamment d’enseignants capables de prendre la relève.
1983, premier coup dur. La France exprime sa volonté de désengager ses ressortissants du cadre de l’enseignement. Azzedine Laraki, alors ministre de l’Education nationale, lance une vaste réforme. Les pays de l’Est à tendance francophone sont sollicités pour envoyer des professeurs pour enseigner dans les classes marocaines, des établissements secondaires sont construits et des professeurs marocains formés. Mais le pays est sous le coup du Plan d’Ajustement Structurel (PAS) imposé par le FMI. L’instance financière estime que la réforme est trop coûteuse. Dans cette réforme également, l’arabisation des matières scientifiques. Résultat:un abaissement du niveau global des étudiants. 35 à 38% des étudiants qui entrent dans les universités publiques abandonnent au bout d’un trimestre. Ils ne parviennent pas à suivre. Un autre tiers se réfugie, car plus accessibles, dans les branches arabisantes, dont la branche des études islamiques. Faute de moyens et de vision, les facultés marocaines, qui ont connu une certaine heure de gloire, perdent de leur grandeur. À la même époque, l’enseignement supérieur privé commence à émerger. Plus adaptées au marché du travail, des écoles supérieures proposent essentiellement des formations en commerce, finance ou gestion. En 1990, la première université privée voit le jour : il s’agit d’Al Akhawayn, basée sur un système à l’américaine, et censée attirer une certaine élite marocaine ou les classes moyennes aisées. L’Etat a bien sûr encouragé ces nouveaux établissements privés, que ce soit des écoles ou des universités. Aujourd’hui, ces établissements se voient peu à peu accrédités par une reconnaissance de leurs diplômes. Une donne qui va certainement changer le paysage de l’enseignement et du marché de l’emploi. Les diplômes qu’ils délivrent vont ainsi permettre aux étudiants d’accéder à la fonction publique, par exemple. En quelques décennies donc, l’enseignement supérieur privé a complètement mué et offre des alternatives sérieuses. Mais l’enseignement supérieur public, qui alterne avancées et reculs, cherche toujours un modèle viable sur le long terme.
Par la rédaction
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