Les origines du service postal au Maroc résument, à elles seules, l’histoire sociale et politique du royaume entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème.
Le service postal officiel précolonial au Maroc était encore rudimentaire, relevant de l’administration du Makhzen, sera créé, en novembre 1892, par un dahir du sultan Hassan1er. Il fut chargé exclusivement du transport et de la distribution des correspondances, en copiant les formules déjà mises en place par les consulats des puissances étrangères représentées alors à Tanger et opérationnelles pour certaines d’entre elles durant le XIXème siècle.
Par son organisation, ce service de poste s’apparentait davantage, par exemple, à celui de la France de la période de la Renaissance, du ministre Sully du temps du roi Henri IV (XVIIème siècle) ou celle du cardinal de Richelieu, qui détermina les zones postales au service du public et l’ensemble dirigé par un administrateur central. Au Maroc, et jusqu’à ce dahir, les services postaux étaient réservés aux seuls besoins du Palais et de la Cour, à ceux des caïds et des pachas, avant d’être mis progressivement à la disposition également des particuliers.
Au Maroc, le service postal a pu fonctionner dans les principales villes du pays qui furent reliées entre elles par des transporteurs de courrier à pied, les célèbres «rakkas», qui se relayaient selon les distances à parcourir. Le service était supervisé par des administrateurs, dits «Oumanas», assistés de distributeurs. Une sorte de poste royale permettant à quelques notables de bénéficier du service jusqu’à l’établissement du protectorat français, et qui fonctionna en parallèle avec les services postaux consulaires. Aussi, était-il plus approprié de parler plutôt de Postes au pluriel, et ce jusqu’au début de la colonisation française. À cette époque, un courrier dit rapide, envoyé en urgence de Fès à Tanger par exemple, pouvait mettre moins de 24 heures.
Par Mohammed Germouni
Lire la suite de l’article dans Zamane N°163