L’avènement de la dynastie wattasside s’est produit dans un contexte pour le moins défavorable. Leur pouvoir s’est exercé sur une partie de l’empire de 1471 à 1549. Ce moment précis de l’histoire a été marqué par l’éradication définitive de la gouvernance marocaine de la péninsule Ibérique.
Entre 1471 à 1549, l’histoire mondiale a connu une profonde transformation, avec une redistribution des cartes par l’Europe chrétienne. L’année 1492 en constitue un jalon central : la chute de Grenade et la découverte des Amériques par Christophe Colomb. De l’autre côté de la Méditerranée, l’empire ottoman avait déjà, trois décennies auparavant, conquis Byzance. Installés à Constantinople, les Ottomans ont élargi leur pouvoir sur la Grèce, la Bulgarie et les Balkans. Ils ont progressé vers l’ouest pour se retrouver, en 1479, aux portes de l’Italie avec l’occupation de l’Albanie. Cette avancée leur permit de contrôler une partie de la Méditerranée, notamment celle qui facilitait leur ambition de conquérir le Maghreb. Rome, alors porte-parole de la chrétienté européenne, ne cherchait pas à dilapider ses forces en combattant les Turcs. Elle s’occupait de reconquérir l’Ibérie et d’ouvrir de grandes voies vers l’Afrique, et surtout vers les Indes, en contournant l’immense continent africain. Parallèlement, l’Église, contrairement aux pouvoirs religieux dans le monde arabe, encourageait les recherches scientifiques sans restriction religieuse. La Renaissance italienne avait déjà produit quelques fruits, notamment en géographie et en navigation. Ce mouvement de repli avait déjà été amorcé bien avant l’époque mérinide, lors de la grande bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. La défaite des armées marocaines sonnait déjà l’alarme, que peu de gens avaient perçu à l’époque. Les Wattassides, issus du sérail mérinide, savaient mieux que quiconque qu’un signe de faiblesse pouvait être exploité par l’ennemi de l’autre côté de la Méditerranée.
Par Moulim El Aroussi
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