L’histoire commune entre le Maroc le Maroc et la Grande Bretagne est vieille de huit siècles. Elle est très longue et surtout très complexe. Car si les Britanniques n’ont jamais occupé le Maroc, hormis le court épisode de Tanger dans le XVIIème siècle, et s’ils n’ont jamais été officiellement en guerre contre l’Empire chérifien, ils s’imposèrent le plus souvent comme un partenaire économique de premier choix. Et exercèrent, en sous-main, sinon une tutelle directe, du moins un droit de regard politique qui a longtemps retardé l’occupation du Maroc par le tandem France-Espagne. C’est donc un ami particulier, très diplomatique, voire flegmatique, qui a toujours observé le Maroc de très près, à partir du rocher de Gibraltar, et avec attention. Quels ont été les contours exacts de cette amitié historique ? Etait-elle sincère et partagée, ou simplement factice et simulée, cachant un certain malaise entre les deux royautés ? Quel a été, surtout, le rôle joué par la couronne britannique dans la déliquescence de l’Empire chérifien tout au long du XIXème siècle, et jusqu’au début du siècle suivant ?
Zamane répond à ces questions, et à bien d’autres, dans ce nouveau voyage fascinant et passionnant, auquel nous invitons nos fidèles lecteurs. Bonne lecture. Et bon voyage, de l’Atlantique et de la Méditerranée jusqu’aux bords de la Tamise.
Le 23 janvier 1721, le Maroc et la Grande-Bretagne se sont mis d’accord sur 15 articles donnant naissance à un traité, qui constituera le fondement des relations anglo-marocaines pour plus d’un siècle. Nous savons tous que les liens diplomatiques entre les deux royaumes datent du XIIIème siècle, lors d’un échange de lettres entre le roi John de la dynastie Plantagenêt et le calife almohade Mohamed Al-Nassir. Même si cet échange diplomatique n’a abouti à rien de concret, les deux pays restèrent en bon termes durant la fin du Moyen Âge. Le XVIème siècle amena des changements radicaux à l’ordre géostratégique international. La découverte du Nouveau Monde en 1492, la rupture du roi d’Angleterre (Henry VIII) avec le Catholicisme, les incursions ibériques dans les côtes marocaines, la montée des Ottomans en Afrique du Nord… Dans ce nouvel échiquier géostratégique, les sultans saâdiens ont trouvé dans les Anglais un allier et partenaire commercial capable de les aider à surmonter la menace espagnole, surtout après la victoire marocaine à Oued al-Makhazine (1578). Une période de prospérité commerciale naquit durant cette alliance politique, notamment entre le sultan Ahmad al-Mansour et la reine Elizabeth I. Les Anglais échangèrent leurs fameux tissus de laine, mais aussi leurs canons, contre le sucre marocain qui était sous monopole sultanien, ainsi que l’or provenant de Tombouctou.
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