Avec l’apparition du conflit avec le Polisario, le défunt Hassan II oriente sa politique africaine vers la défense des sacro saintes intégrités territoriales. Le monarque poursuit plus que jamais sa stratégie d’assistance à l’idéologie venue de l’Ouest. En 1977, un pays va de nouveau faire parler de lui. Il s’agit du Zaïre, ex-Congo, gouverné d’une main de fer par l’ancien ennemi du Maroc de Mohammed V, le désormais président-maréchal Mobutu. A la faveur d’un coup d’Etat orchestré en 1965, Joseph-Désiré Mobutu est devenu depuis l’allié des Occidentaux le plus précieux dans le centre de l’Afrique. Il est considéré comme le dernier rempart face à l’influence communiste dans la région car des pays limitrophes tels que le Congo Brazzaville, l’Angola ou la Tanzanie sont favorables à Moscou ou à Pékin. Le Zaïre se place donc comme un enjeu majeur de la guerre froide en Afrique. De plus, l’immensité de son territoire regorge de ressources naturelles comme le cuivre ou le diamant. Une convoitise que vont tenter d’assouvir des forces militaires appelés « ex-gendarmes Katangais ». Le 8 mars, ces troupes venant de l’Angola voisin, équipées par le régime pro-soviétique de Luanda et entraînées par les Cubains, s’enfoncent de plus de 400 kilomètres dans la région zaïroise de Shaba. L’armée de Mobutu, faible et indisciplinée, est rapidement en déroute. Le 2 avril 1977, le maréchal-président lance un appel à l’aide. Rabat et Paris ne tardent pas à répondre favorablement à la détresse de leur allié. La légitimité d’une intervention armée des FAR est justifiée comme tel par Hassan II lors d’une allocution le 16 juin 1977 : « Nous sommes dans le cadre juridique et politique d’une agression caractérisée ». En coulisse, la première crise de Shaba est une opportunité unique pour Hassan II de régler ses comptes. Considérant que l’Union Africaine est probablement plus sensible à la cause du Polisario et de l’Algérie, le monarque entend redistribuer les cartes de son influence africaine. Il souhaite par la même occasion punir l’Angola du régime communiste MPLA (Mouvement pour la libération de l’Angola) pour son soutien au Polisario. Le défunt roi vise également le régime cubain (dont les troupes qui ont participé à la Guerre des Sables aux côtés de l’Algérie, sont stationnées en masse à la frontière du Zaïre et de l’Angola. L’intervention du tandem franco-marocain au Zaïre est nommée « opération verveine ». Elle consiste en l’envoi de troupes marocaines (environ 1500 soldats sous le commandement du colonel Kettani) et d’un appui logistique français. L’Egypte dépêche également une cinquantaine d’ingénieurs militaires sur le théâtre des opérations. L’intervention est un succès militaire puisque les assaillants sont repoussés hors des frontières zaïroises. La situation se stabilise en une année seulement. En 1978, éclate la seconde crise de Shaba. Cette fois encore, ni la France ni le Maroc ne rechignent à venir en aide à Mobutu, qui deviendra un ami proche de Hassan II.
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