Il y a cinquante ans disparaissait Abderrahman Hajji, un des plus grands hommes de lettres et talentueux poètes marocains. Issue d’une des grandes notabilités de Salé, il est considéré par ses pairs comme un éminent apôtre de la langue et de la culture arabes.
Abderrahman Hajji figure dans la première anthologie de poésie moderne en arabe, confectionnée en 1929 par le grand érudit de son temps que fut Mohammed Ben al-Abbas al-Kabbaj. Hajji a sa place parmi la pléiade de poètes d’expression arabe, marqués par le modernisme d’Égypte, en vogue à l’époque, avec les grands maîtres que furent al-Baroudi, Chawqi et Hafez Ibrahim. De son vivant, la poésie de Hajji était reconnue par les fins littérateurs et politiques de l’époque : de Allal El Fassi à Ahmed Bennani, en passant par Abou Bakr Kadiri, de même que par ceux qui l’avaient connu comme enseignant ou comme leur professeur de littérature, comme Mohamed Lyazghi ou Abderrahmane Youssoufi qui louaient aussi bien sa poésie, sa bonne maîtrise de la langue arabe, que ses qualités humaines. Sa poésie a failli disparaître n’eût été le gigantesque effort fourni par des amis et membres de sa famille. On gagnerait à la connaître et à la faire connaître. Quel est cet homme qui nous a quittés le 29 avril 1965, soit un demi-siècle déjà ? Né le 6 avril 1901 à Salé, Abderrahman Hajji devait avoir le destin du nom qu’il portait, celui de son ancêtre Ahmed Hajj qui, du temps du sultan Moulay Ismaïl, s’est distingué par sa bravoure dans la bataille de Mahdia pour déloger les Espagnols. On érigea un mausolée à Salé en sa mémoire. Mais notre poète en herbe portait aussi la marque de son temps, celle consécutive à la colonisation, perçue comme une blessure ontologique.
Par Hassan Aourid
La suite de l’article dans Zamane N° 55