Quand on parle du XIXème siècle marocain, on regarde surtout le Nord et l’affairement des forces occidentales contre le pays. On oublie souvent le grignotage territorial par le Sud et l’Est, qui se faisait lentement mais sûrement.
Cette érosion, menée par la France en accord avec les forces occidentales coloniales, préparait un fait accompli en vue de la signature du Protectorat. Nous retenons deux documents qui montrent comment le Maroc luttait contre la spoliation de ses territoires par la force coloniale installée dans la bande méditerranéenne entre Oran et la Tunisie. Les documents sont tirés de « Quatre siècles d’Histoire marocaine au Sahara de 1504 à 1912 », Alfred Georges Paul Martin. Le livre a été publié en 1932 à la Librairie Ernest Leroux à Paris. A.G.P. Martin était un officier-interprète français de l’armée et auteur d’ouvrages sur l’Afrique du Nord. Il entre dans l’armée française en 1881 et fait toute sa carrière en Afrique du Nord. Grand connaisseur de la langue et des mœurs du monde arabe. Dans la préface de son ouvrage, il dit qu’il a construit son livre d’après les archives et les documentations indigènes. Il démontre, par des documents irréfutables, non seulement la souveraineté des sultans du Maroc sur une grande partie de l’Algérie actuelle, allant jusqu’aux confins de la Libye, mais aussi les manœuvres françaises pour spolier ces terres de la couronne marocaine.
Intéressons-nous à présent à deux lettres adressées par Hassan 1er aux habitants du Touat. Quand on regarde aujourd’hui les noms des localités citées dans ces lettres, elles peuvent nous sembler géographiquement très loin de Fès, la capitale de l’État marocain de l’époque. Mais quand on regarde l’histoire et les déplacements des chefs de tribus ou de zaouias qui venaient rencontrer le sultan, on s’aperçoit que même notre vision de la géographie a été falsifiée par la littérature historique coloniale. Le fond de la pensée de l’officier français était de montrer l’importance de l’entreprise française à déposséder le Maroc de ces territoires. C’est ainsi que son texte dit exactement ce qu’il en est, en essayant de montrer l’intelligence française et les manigances utilisées pour dérouter le Makhzen marocain.
Par Moulim El Aroussi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°169