Tous les sultans marocains du XIXème siècle devaient faire face aux appels au jihad qui trouvaient une grande sympathie parmi la population. Mais dont les conséquences étaient désastreuses…
Vers la fin de son règne, Moulay Slimane décide de faire cadeau à ses voisins algériens des derniers bâtiments de la flotte qu’il avait encore dans son arsenal. C’est qu’il avait tiré la conclusion que beaucoup refusaient encore d’admettre : le monde musulman n’avait plus la main haute. Quand l’émissaire de Napoléon, le capitaine Burel, arrive au Maroc en 1808, il constate sans grand effort que ce qu’on appelait encore flotte maritime consistait en une douzaine de bâtiments «tous d’une très mauvaise construction». À part quelques frégates achetées en Europe, la plupart des bateaux de la flotte marocaine étaient construits sur place, à Rabat ou à Tétouan, avec des techniques et un équipement qui appartenaient à un autre âge. «L’armement de ces navires est très mauvais», écrit Burel. D’autre part, le commandement de ces bateaux était confié à des raïss qu’on recrutait selon le besoin. Donc pas de vrais professionnels. Ces raïss, note le capitaine Burel, sont en chômage quand il n’y a pas d’activité et vivent misérablement. À l’image de l’armée marocaine en général, on pouvait difficilement parler d’une marine régulière et permanente. «On rejoint un bateau d’une façon volontaire dans l’espoir de faire des prises», remarque le capitaine Burel. Répondant aux préoccupations de son maître qui voulait avoir une idée sur la résistance que pouvait présenter la flotte marocaine au cas où il déciderait d’envahir le pays, le capitaine Burel estime «qu’en cas de guerre, une bonne frégate de 40 pièces (d’artillerie), 4 ou 5 bricks et une goélette bien armés seraient plus que suffisants» pour réduire à néant cette soi-disant marine.
Par Mohamed El Mansour
Lire la suite de l’article dans Zamane N°169