Ébranlé par les crises énergétiques mondiales qui secouent la planète et embourbé dans le conflit contre le Polisario, le royaume voit en la détection d’importants gisements pétroliers sur son territoire une voie de sortie royale. Une compagnie française assure que le précieux liquide jonche le sous sol marocain. Sans attendre, le roi annonce la nouvelle lors d’un discours à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire le 13 octobre 1978…
«[…] En ce jour si spécial, (sacralité du vendredi, ndlr) j’ai l’intime conviction que l’occasion est celle de fêter la responsabilité et la conscience. Je suis enthousiaste de vous annoncer que lorsque Dieu Tout Puissant nous a présenté plusieurs chemins et de ce fait des difficultés, Il nous a également orienté vers un espoir concret et scientifique. Et c’est la beauté de Dieu Tout Puissant qui, au cours des trois premiers mois de l’année qui arrive, va déverser sur nous ses richesses minérales et autre pétrole.
Et c’est ainsi que je suis en capacité de vous annoncer que, si Dieu le veut, le 3 mars prochain, soit le jour de la fête du trône, nous donnerons le premier coup de pioche dans la terre afin d’y extraire ce que nous a réservé Dieu en quantité de pétrole, qui pour le moins, pourra sans aucun doute couvrir notre besoin énergétique à l’intérieur du pays. Mais si dans le cas où nous découvrions une quantité encore plus importante, je vous demande de rêver avec moi. Et dans certains domaines, nous avons le devoir de rêver. Si nous considérons que l’on trouve suffisamment de ressource pour nous même, en plus d’avoir la capacité de commercer, il suffira alors de regarder sur une carte pour constater que le Maroc est un pays libre, que son pétrole sera libre d’un point de vue stratégique et géographique. Libre également par rapport au commerce avec l’Europe et les Etats-Unis. Messieurs les parlementaires, imprégnez vous de cette image, et même si elle ne devient pas réalité, nous aurons vécus un moment heureux avec une imagination joyeuse. Et si elle devient une réalité, nous ne serons pas surpris par de grands moyens et nous ne serons pas victimes d’une vision courte et étriquée».