Si aujourd’hui l’Etat algérien campe sur sa position de «partie intéressée» au conflit du sahara, il fut un temps où il était disposé à entamer directement des pourparlers avec le Maroc.
L’homme qui révèle cette histoire et décrit dans le détail les péripéties de ces négociations, n’est pas n’importe qui. Ahmed Taleb-Ibrahimi est un grand commis de l’Etat algérien, proche du président Houari Boumediene (lire encadré). Dans ses mémoires, Taleb-Ibrahimi nous décrit un Boumediene tétanisé par l’affaire du Sahara qui déjà empoisonne les relations entre le Maroc et l’Algérie. Hassan II et Boumediene se connaissent. Ils se jaugent de loin, depuis longtemps, et finissent par se rencontrer à Ifrane en janvier 1969, puis à Tlemcen le 27 mai 1970. Lors du IXe sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui se tient à Rabat en juin 1972, le président algérien est logé dans la villa du conseiller royal Driss Slaoui. Ce sommet sera l’occasion pour les deux pays de fermer l’épisode de la «guerre des sables» de 1963 et de commencer à construire le «Grand Maghreb». «La joie qui se lit sur les visages nous renforce dans la conviction qu’une page est tournée et qu’une étape vient d’être franchie sur cette voie», écrit Taleb-Ibrahimi. S’ensuivent un ballet diplomatique avec des envoyés spéciaux de part et d’autre. Mais c’était sans compter sur la Marche verte et le début du conflit armé avec le Polisario. Boumediene prend la décision de soutenir le Polisario militairement et politiquement… et y met les moyens. Mais d’abord, il faut faire le ménage dans l’appareil diplomatique algérien. Ainsi, le 6 juillet 1977, de retour d’un sommet de l’OUA à Libreville, Boumediene confie à son conseiller la «nécessité de dynamiser notre diplomatie sur le problème du Sahara occidental». Deux mois plus tard, le président algérien revient à la charge et «dresse un véritable réquisitoire contre [la] diplomatie [algérienne] et ses faiblesses».
Par Adnan Sebti
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