La deuxième partie de ce tableau, montrant le Maghreb politique avant l’arrivée de l’Islam, nous emmènera de Sebta ou Sijilmasa au Fezzane et à la Tripolitaine. Avec de nombreuses passerelles liées à la langue, à la culture et au mode de vie des confédérations tribales.
Sebta n’apparaît pas dans l’histoire avant le VIème siècle. Pendant la période romaine, les communications maritimes sont tournées vers l’Atlantique. Tanger, sur la pointe ouest du détroit, Arzila, Lixus sur le Loukos, Banasa à l’entrée du Sebou, et Salé en sont les portes sur la mer. Sebta ne semble pas être un site urbain suffisamment remarquable pour être noté par les sources.
Ce n’est qu’au VIème siècle qu’elle est occupée par les Byzantins, ce site fortifié semblant avoir été préféré à celui de Tanger, trop ouvert pour être bien défendu. Cette occupation, si lointaine de la Byzacène, pourrait avoir été motivée par les menaces des Wisigoths d’Espagne. Ces derniers, après leur conquête de l’Ibérie, avaient cherché à s’établir à Sebta, mais ce n’est qu’après la chute de Carthage devant les armées arabes que, profitant de la défaite de Byzance, ils réussirent, vers 690, à en prendre possession. Lorsque les armées arabes s’en emparèrent, en 710, elles y trouvèrent un gouverneur wisigoth, le fameux «comte Julien». Des légendes, sur fond de trahison familiale, expliquent son ralliement aux contingents de Tarik ibn Ziyad, mais le plus important, ce furent les faits. Ceux-ci semblent bien montrer que Julien avait pu mobiliser des tribus Ghmâra de son hinterland et les joindre à la conquête du royaume wisigothique d’Espagne.
Par Grigori Lazarev
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