Après avoir été le fleuron de l’aviation naissante au Maroc, le Camp Cazes se transforme en théâtre stratégique où se joue un tournant de la Seconde guerre mondiale. La tutelle française sur le lieu cède la place à l’influence de la nouvelle puissance mondiale : les Etats-Unis d’Amérique.
Lorsque la guerre la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité s’invite au Maroc, c’est au-dessus du Camp Cazes que les premiers échanges de tirs ont lieu. Car l’aérodrome d’Anfa est, en ce 8 novembre 1942, date du début du débarquement allié en Afrique du Nord, le site militaire le plus stratégique de Casablanca. Le temps de l’insouciance des aventuriers fougueux de l’Aéropostale est bel est bien révolu. Fini la quiétude et l’esprit frivole qui animaient le camp durant les années 1920. La crise économique du début des années 1930 a eu raison de la légendaire Aéropostale, désormais incapable d’assurer sa pérennité financière. Le Camp Cazes, bâti par les premiers colons français au début du XXème siècle, s’est, guerre oblige, fortement militarisé. La montée des nationalismes et des populismes en Europe a conduit le monde au bord du précipice. L’industrie de l’armement s’est emballée et l’aviation n’a pas échappé à cette fièvre guerrière. C’est ainsi que les courriers, qui autrefois transitaient par le Camp Cazes, transportés par la poésie de Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry, laissent désormais place à des tonnes de caisses de munitions destinées à armer les avions de chasse stationnés sur le site. C’est d’ailleurs à cet effet qu’un important aménagement du site est réalisé en 1937.
Par Sami Lakmahri
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