Kamal Oudrhiri, un Marocain (presque) sur Mars
Le 26 novembre dernier, très exactement à 20h, la capsule de la mission InSight menée par la Nasa se pose avec succès sur Mars. Un évènement planétaire à mettre à l’actif de l’équipe de l’agence spatiale américaine, dont fait partie un jeune ingénieur marocain, Kamal Oudrhiri. Responsable du département des études planétaires à la NASA, ce brillant compatriote a légitimement fait parler de lui après cet exploit historique. Ce n’est pourtant pas la première grande expédition spatiale à laquelle a participé Kamal Oudhriri. Fort de trois précédentes tentatives, il est devenu aujourd’hui un élément incontournable dans l’exploration d’autres planètes. Le Marocain avait expliqué à la MAP les objectifs de la mission sur Mars : « Analyser la composition interne de la planète rouge, dans l’optique de «mieux comprendre la genèse des planètes rocheuses, comme la planète Terre ».
Nul doute que son nom s’élèvera à nouveau dans les cieux.
Meryem Alaoui, la naissance d’une romancière
Pour son premier roman, intitulé « La vérité sort de la bouche du cheval », l’auteure Meryem Alaoui a fait fort. Publié chez Gallimard en août dernier, sorti en France et au Maroc, il a remporté le Prix Stanislas du premier roman, le prix du « roman Fnac » puis a été nominé pour le Goncourt 2018, raté de peu. Dommage, elle aurait pu être la deuxième Marocaine, après Leïla Slimani, à gagner cette prestigieuse reconnaissance. Belle consolation, son «premier bébé littéraire» a été salué par la critique : de Tahar Ben Jelloun, en passant par Salim Jay. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, ce roman, écrit à la première personne, raconte le quotidien de Jmiaa, une femme marocaine contrainte à se prostituer à Casablanca pour nourrir sa fille. Si la thématique, déjà largement explorée, paraît galvaudée, elle est ici traitée tout en subtilité. Surtout, le livre rend un merveilleux hommage à la ville blanche. Le tout porté par une écriture audacieuse.
Taoufik Bouachrine, le scandale médiatique
C’est l’histoire d’un patron de presse qui a lui-même fini sous le feu des projecteurs. En février, Taoufik Bouachrine, directeur de Akhbar al-Yaoum, a été placé en garde à vue et poursuivi pour traite des êtres humains, harcèlement sexuel, recrutement d’individus en vue de la prostitution et usage de moyens permettant de photographier et filmer des actes pornographiques. Sa chute et son procès, même s’il a eu lieu à huit clos, ont été suivis par de nombreux Marocains. Beaucoup, notamment les avocats de Bouachrine, ont évoqué un «procès politique», une forme de règlement de compte contre un patron de presse aux positions ouvertement hostiles à l’Etat. En novembre, il a finalement été condamné à 12 ans de prison ferme, ainsi qu’à une amende de 200.000 DH. Taoufik Bouachrine, fondateur de Akhbar al-Yaoum, a cédé la totalité de ses parts à son frère, Hicham, installé en Espagne. Le journal continue à paraître. Il est encore considéré parmi les médias influents du pays.
Faouzi Bensaïdi, un poème à l’écran
En octobre, le réalisateur Faouzi Bensaïdi a enchanté les salles obscures, avec son long-métrage Volubilis. Le pitch ? L’histoire d’Abdelkader et Malika, jeune couple marié de Meknès, confronté au déclassement social et à l’extrême précarité, après une altercation avec une bourgeoise influente. Un sujet social triste et douloureux, porté par une réalisation poétique, esthétique et originale ; et un ton à la fois poignant et burlesque. La promesse est bel et bien tenue, ce qui n’allait pas forcèment de soi. Chapeau, donc. Le film, véritable succès critique, a notamment remporté le prix du jury au festival du film arabe de Malmö. Le cinéaste ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et prévoit déjà un nouveau film. Première information, celui-ci sera tournée au sud du Maroc…
Hamieddine ou les vieux démons du PJD
Difficile encore de commenter l’affaire Hamid Eddine, dont l’instruction est toujours en cours. Mais les malheurs qui frappent l’un des cadres du PJD font remonter à la surface l’époque des règlements de compte entre les forces de gauche et les islamistes, surtout en milieu estudiantin. Cette affaire date de 1993, époque où les idéologies s’affrontaient violement au cœur des universités marocaines, dans ce qu’on appelle «la guerre des facs». Des violences qui ont fait des victimes à Fès, dont Mohamed Ait Ljid, sympathisant de gauche. Lynché à mort, les regards se tournent vers les islamistes. Trois accusés, dont Abdelali Hamieddine sont condamnés l’année suivante à deux ans d’emprisonnement ferme pour « participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort ». Mais les vieux démons réapparaissent un quart de siècle plus tard lorsqu’en juillet 2017, des proches de la victime ont déposé une nouvelle plainte dans le but de requalifier les faits accusant le haut-responsable du PJD de meurtre prémédité. Une affaire qui tombe à un moment de troubles et de tensions politiques, propices à la récupération et aux théories du complot.