Deux jeunes frères ont trouvé la mort le 22 décembre dernier, ensevelis dans l’une des nombreuses mines désaffectées de la ville de Jerada. Un drame qui mobilise les habitants de cette région, appauvrie depuis l’arrêt officiel de l’extraction de charbon à la fin des années 1990.
Houcine et Jedouane, deux frères âgés de 23 et 30 ans respectivement, ont péri dans l’une des nombreuses galeries clandestines qui se trouvent dans la ville. Les deux jeunes hommes ne sont malheureusement pas les premières victimes de l’activité minière informelle qui sévit depuis près de vingt ans dans la région. C’est l’indignation et la colère des habitants d’une population déshéritée qui se font entendre. Dans le sillage des récents mouvements de contestation, les habitants de Jerada, qui se situe à moins de 300 kilomètres d’Al Hoceïma, refusent de compter leurs morts en silence. Quelques jours avant cette tragédie, une mobilisation a eu lieu pour dénoncer la hausse des prix de l’eau et de l’électricité. Ce drame est venu transformer la grogne en colère. Depuis, des manifestations et une grève générale paralysent la ville, qui focalise enfin l’attention de l’opinion nationale, et même internationale. L’histoire récente de Jerada est celle d’une transition économique bâclée, qui a plongé la région dans une marginalisation prononcée. Les gisements de charbon, découverts sous le Protectorat en 1929, ont longtemps fait vivre la population locale. La chute des cours mondiaux du charbon à la fin du XXème siècle va écrire un autre futur pour la ville. Depuis 1992, l’ONE (Office National de l’Electricité) est devenu le seul exploitant des mines de Jerada. Une situation que l’ONE estimait intenable car non rentable. L’arrêt définitif de l’activité est donc décidé à partir de juillet 1998. En 2001, c’est la fermeture définitive des sites de charbon. Sans qu’aucune alternative économique n’ait été mise en œuvre pour permettre une conversion de la population. Conséquence, l’activité minière, devenue clandestine, s’est développée, avec son lot de misère, d’exploitation et de drames. L’Etat dit (encore une fois) avoir compris les doléances des habitants. Après Al Hoceïma, Jerada…