2,5 millions de documents d’archives. C’est bien le nombre de fichiers historiques que la France s’apprête à transférer au Maroc. Ils concernent la période pré-protectorale du XIXème siècle au seuil du XXème siècle, riche en tractation territoriale et tribale. Ces archives de l’armée et de l’administration vont essentiellement permettre de porter un éclairage historique nouveau et surtout définitif sur le tracé de la frontière algéro-marocaine et celle du Sahara largement tripotéEs par Paris et Alger au détriment de l’Empire chérifien.
Avant de nous enfouir dans le contenu probable des archives, un petit tour d’horizon de l’archivistique, cette discipline qui permet de conserver et de mettre de l’ordre dans les dédales écrits du passé, s’impose. Et pour cause. L’archive est devenue, pour les sociétés contemporaines, à la fois la balise et la mesure de la mémoire et de l’identité nationale. Ce sont les archives et surtout leur examen heuristique qui permet au présent de déterminer le passé et de se déterminer par rapport à lui. Dans l’Empire chérifien et au Maghreb musulman, les autorités compétentes n’ont pas attendu les Occidentaux pour mettre sur pied des archives. En effet, les manuscrits de bibliothèques et d’archives sont conservés dans les khizanats et les makatibs sans distinction aucune. Elles se situent généralement dans les mosquées ou les zaouïas. «Au Maroc, des fonds importants sont constitués», prévient l’archiviste et historien Paul Delsalle dans «Histoire de l’archivistique» (2000). À preuve, en 1929 à Rabat, la publication par l’érudit Abderrahman Ben-Zidane (1878-1946) d’une somme de cinq volumes au sujet des archives de notre pays. Bref, toute cette organisation millénaire est peu ou prou chambardée par l’indésirable installation des Français.
Par Farid Bahri
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