En 1984, Hassan II fait une annonce surprenante : la demande d’entrée du Maroc au sein de la Communauté Economique Européenne (actuelle CE). Entre désarroi économique et géopolitique, que cache cette volonté de frapper à la porte de l’Europe ? Le souverain y croyait-il réellement ou a-t-il plutôt tenté d’ouvrir la porte aux négociations pour un statut avancé ?
«Votre demande d’entrée du Maroc dans la Communauté Economique Européenne (CEE), est-ce une boutade ou faut-il la prendre au sérieux?» À cette question, posée par les journalistes Jacques Amalric et Paul Balta à Hassan II au cours d’une interview parue dans «Le Monde», le 10 novembre 1984, ce dernier répondra le plus sérieusement du monde: «La lettre de demande officielle est déposée sur le bureau de la CEE. J’ai profité de la présidence de mon ami le président Mitterrand pour la lui faire parvenir». Cette demande pour le moins inattendue a effectivement été déposée par le souverain lors du Conseil Européen des 25 et 26 juin 1984, à Fontainebleau (France). Or, elle n’a été rendue publique que cinq mois plus tard, dans les colonnes du «Monde». Etonnés, les députés européens sont les premiers à interpeller le président de la Commission des communautés européennes, Jacques Delors. Le 10 décembre 1984, Karel Van Miert, député européen belge, lui pose la question : «Des communiqués de presse rapportent que le Maroc a officiellement déposé sa candidature d’adhésion à la Communauté européenne et que les Chefs d’État et de gouvernement ont examiné cette candidature lors du Conseil européen de Fontainebleau. Aux termes de l’article 237 du traité CEE, ‘tout État européen peut demander à devenir membre de la Communauté’ ».
Par Nina Kozlowski
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