Espionnage, diplomatie, relations bilatérales… s’il y a un quelqu’un qui connaît l’extrême complexité des rapports entre le Maroc et l’Espagne, c’est bien Jorge Dezcallar, ancien ambassadeur à Rabat et patron des services espagnols. Zamane l’a rencontré pour vous.
Vous êtes diplomate de carrière, quels sont les postes que vous avez occupés avant d’être nommé ambassadeur au Maroc ?
Avant d’aller au Maroc, j’ai travaillé dans plusieurs pays, en Pologne, aux États-Unis et en Uruguay. J’ai travaillé également au département international du cabinet du président du gouvernement d’Espagne, M. Leopoldo Calvo Sotelo. J’ai été directeur général adjoint pour l’Afrique du Nord pendant trois ans et directeur général de politique extérieure pour l’Afrique et le Moyen-Orient pendant huit ans au ministère des Affaires étrangères.
Être ambassadeur au Maroc, l’un des pays les plus problématiques pour l’Espagne, est-ce une promotion ou une punition ?
Une promotion sûrement. L’ancien président du gouvernement d’Espagne, Felipe Gonzalez, m’a dit un jour que la plus importante ambassade espagnole à l’étranger est celle de Washington, et la plus sensible est celle de Rabat. Je suis tout à fait d’accord avec cette affirmation, et je sais de quoi je parle puisque j’ai eu l’honneur d’être ambassadeur aux deux endroits.
Y a-t-il une part de vérité dans ce que disent certains, que ceux qui comprenaient le mieux l’«âme marocaine» étaient les franquistes et non les politiciens et les hauts fonctionnaires de l’Espagne démocratique ?
Je n’en ai jamais entendu parler. Ils font peut-être référence au fait que, sous le régime franquiste, il y avait encore des militaires et des fonctionnaires actifs qui avaient vécu dans le Protectorat et qui avaient une expérience très directe du Maroc, que certains d’entre eux connaissaient très bien. Mais je ne les appellerai pas «franquistes».
Propos recueillis par Adnan Sebti
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