Si la cérémonie que l’on connaît aujourd’hui ne date que des années 1930, le rituel légitimant le pouvoir date, lui, de plusieurs siècles. Les acteurs et le protocole ont certes changé, mais l’essence de l’évènement est bien restée la même.
Avant le Protectorat, personne au Maroc ne connaissait le terme de Aïd El Arch, ou fête du trône. En revanche, le mot Bey’a (allégeance) était connu de tous. Il est même au cœur du mécanisme politique et religieux de l’Empire chérifien. Si, de nos jours, la cérémonie de la Bey’a constitue l’essentiel du protocole de la fête du trône, elle représente, dans l’histoire, l’essentiel de la relation entre le souverain et ses sujets. Remise au goût du jour par une poignée de nationalistes marocains à l’aube des années 1930, la fête du trône a été l’occasion, durant le Protectorat, d’affirmer l’identité marocaine en y insufflant le concept récent d’Etat-Nation. Mais avant d’entrer dans cette ère moderne, et bien avant que le Maroc ne devienne un Etat ou une Nation, c’est un pacte entre les gouvernants et les gouvernés qui vient sceller un accord de principe selon lequel le souverain est reconnu comme un chef politique et religieux. En temps de paix comme en période de conflit, il était d’une importance stratégique de réaffirmer ce lien essentiel, garant d’une certaine stabilité. Bien qu’elle soit au service de l’intérêt politique, la Bey’a au trône est d’abord une histoire religieuse. Et, comme aujourd’hui, ce rituel était rigoureusement codifié.
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