Comment, un siècle (et des poussières) à peine après la conquête musulmane en Afrique du Nord, les populations de la région se soulèvent. C’est le temps de la grande révolte berbère, rapide mais destructrice pour le pouvoir omeyyade. Récit.
La fitna. Un concept régulièrement utilisé de façon menaçante (du moins à l’époque contemporaine pour étouffer les velléités de contestation et préserver l’ordre établi. Au Maghreb, il y a bien longtemps, cette fameuse fitna a bel et bien failli avoir lieu. Emanant en majorité des populations berbères, elle a démarré à Tanger et s’est éteinte au cœur de l’actuelle Tunisie, aux portes de la grande Kairouan, capitale politico-militaire de l’autorité arabo-musulmane. Globalement, du VIIème au XIème siècle, « l’histoire du Maghreb, et plus particulièrement de l’Ifriqiya, est marquée par une série de révoltes, d’usurpations et de séditions », selon Fathi Bahri, dans un article intitulé « Maysara, les Berbères et le Maghreb à la fin de l’époque omeyyade ». Mais un soulèvement en particulier va s’ériger en événement crucial, et bouleverser en profondeur la carte du Maghreb. Il s’agit de la Grande révolte berbère, qui a eu lieu de 740 à 742. Sur cette révolte, les témoignages sont rares, souvent discordants, et non contemporains des faits. Les récits fondateurs concernant cet événement ont été écrits par deux plumes égyptiennes, Ibn Khayyat et Ibn Abd al-Hakam, avant d’être repris en chœur par l’historiographie de l’Occident musulman. Or, et ce même s’ils se révèlent très instructifs, ces écrits révèlent des prises de position hostiles à l’évènement ; méprisants envers les Berbères et résolument légitimistes envers le pouvoir arabe. Ce n’est pas un hasard : Ibn Abd al-Hakam, par exemple, est originaire de Fustat, première capitale arabe de l’Egypte, qui jouera un rôle décisif et répressif contre la révolte berbère. Conséquence : de nombreux détails nous échappent encore.
Par Nina Kozlowski
Lire la suite de l’article dans Zamane N°100 (mars 2019)