Il y a des «évènements» à grande signification socio-politique. Ils renseignent, mieux que les discours panégyriques, sur un contexte, une époque. Celui de l’embrigadement militaire des militants de l’UNEM, en 1970, en fait partie.
C’était un temps que l’on peut qualifier, avec le recul, d’un environnement universitaire propice à la réflexion collective et à l’engagement politique. La tradition, communément admise, veut que l’on parle, après coup, de jeunes et autres rêveurs moins jeunes, qui voulaient changer l’ordre régnant au pays, puis l’ordre établi dans le monde. Ce sont eux qui ont changé, disent les laudateurs invétérés d’immobilisme absolu. C’était aussi et surtout le temps d’une répression féroce à l’encontre de toute manifestation de rejet des options politiques en place et des dégâts sociaux qu’elles charrient.
C’est en gros dans ce contexte grossièrement synthétisé qu’à eu lieu le colloque d’Ifrane sur l’enseignement, en mai 1970. Une rencontre entre, d’un côté, l’État personnifié par le roi Hassan II, depuis le palais royal sur les hauteurs de cette station hivernale, des membres du gouvernement plus ou moins concernés ; de l’autre côté, les représentants des syndicats étudiants (l’UNEM, dirigée par Mohamed Lakhssassi) et du corps professoral (SNE-Sup, présidé par Abdelouahed Radi). Le climat est tendu, le ciel bas, en ce printemps agonisant. C’est que, quelques semaines auparavant, les militants de l’UNEM ont été convoqués au cabinet royal pour explication. La fête du trône était proche alors que nous étions en grève. Incompatibilité totale, estimait Moulay Ahmed Laraki…
Par Abdellatif Mansour
Lire la suite de l’article dans Zamane N°100 (mars 2019)