«Le surréalisme est un mouvement artistique du XXème siècle, comprenant l’ensemble des procédés de création et d’expression utilisant toutes les forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues». Telle est la définition commune et brève d’un courant qui a fait sensation à son époque. Mais, diriez-vous, quel est le rapport avec la guerre du Rif (1921-1926) ? Le concepteur de ce courant artistique, l’écrivain français André Breton, publie son Manifeste du surréalisme en 1924, en pleine guerre entre la coalition franco-espagnole et les Rifains de Ben Abdelkrim El Khattabi. L’idée est de se révolter contre le nationalisme et l’exaltation du patriotisme européen, qui légitime l’exploitation des colonies. Fervent militant pacifiste, Breton est partie prenante du débat qui enflamme l’opinion publique française concernant la participation de Paris à la guerre du Rif aux côtés de Madrid. Pour les surréalistes, la nation, la patrie ou l’honneur ne sont pas des arguments recevables. Louis Aragon, autre écrivain majeur du courant, qui qualifie le conflit dans le nord marocain de «guerre des banquiers et des industriels», répond à un journaliste concernant l’actualité marocaine : «Toute idée qui légitime une guerre est par là condamnée ; puisqu’au nom de la France on peut envoyer des hommes à la mort, que cette idée, comme toutes les idées nationales, disparaisse de la terre».
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