Avec le départ de la puissance protectrice au début de l’année 1956, le Maroc se trouvait en face d’une situation politique dominée par deux acteurs de taille qui sont sortis grandis par la lutte contre l’occupant : la monarchie et le parti de l’Istiqlal. Tous les deux étaient animés par des prétentions hégémoniques. Allaient-ils trouver un terrain d’entente pour gouverner ensemble ? Ou allaient-ils s’engager dans une épreuve de force qui devait redéfinir les règles du jeu politique ?
Il est vrai que depuis 1953, le parti avait profondément changé. La veille garde, avec Allal en tête, jouissait en 1956 d’une grande popularité, mais, entretemps, un groupe de jeunes et de «demi-jeunes» comme Mehdi Ben Barka, Abdellah Ibrahim et Abderrahim Bouabid étaient passés au premier plan. D’ailleurs, le premier congrès du parti, tenu en décembre 1955, était considéré comme le congrès de la résurrection, voire de la naissance du parti. Car il s’agissait de la première assise publique du parti. Mais, à côté du zaim, il y avait maintenant un Mehdi Ben Barka pour formuler les «tâches urgentes» de la première force politique du pays. Selon Jean et Simonne Lacouture, «le programme du parti, tel qu’il est publié par l’hebdomadaire Al Istiqlal reste assez confus et contradictoire : les relents d’aspirations au système du parti unique y voisinent avec une idéologie socialisante, des velléités révolutionnaires avec les signes d’un réalisme très politique…».
Par Mohamed El Mansour
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