L’insurrection dans le Tafilalet, les troubles au Sahara et dans le Rif, mirent à contribution les dernières années du règne de Mohammed V. Avec, entre autres conséquences, la naissance de la question berbère.
Deux grandes crises, à l’orée de l’indépendance, allaient mettre l’intégrité territoriale en péril et secouer le frais règne du roi Mohammed V, malgré l’aura dont il disposait : le soulèvement d’Addi Ou Bihi («Ou» signe «fils de» en amazigh) dans le Tafilalet en 1957, et la fronde dans le Rif (1958). Il faut ajouter à cela la crise conséquente aux agissements de l’armée de libération dans le sud, et particulièrement dans le Sahara sous contrôle espagnol. De crainte que le soulèvement ne gagne en ampleur et mette en péril la présence française en Algérie, à partir du Sahara, la France se décida de tuer le mouvement dans l’œuf, dans la fameuse opération dite Ecouvillon (fin 1957 – début 1958). Dans sa nature, la dernière crise est différente des deux premières, dans la mesure où les deux premières avaient un aspect irrédentiste, alors que la dernière était unioniste.
La main de la France
Les trois régions (Tafilalet, Sahara, Rif) sont excentriques et ont une identité culturelle prononcée. Mais l’identité culturelle n’explique pas l’irrédentisme, c’est plutôt dans les enjeux internationaux qu’on pourrait trouver une explication à ces tensions, et qui dépassaient les protagonistes dans cette course maquillée des anciennes puissances colonisatrices, désireuses de préserver leurs intérêts et leurs influences.
Dans ces trois crises, il y a, face à des comparses, un acteur, un seul : la France coloniale, voulant à tout prix préserver «l’Algérie française». Certes, l’Egypte de Nasser allait se greffer dans le jeu, dans la crise rifaine. Mais le maître d’œuvre est la France, ou la France coloniale pour être précis.
Par Hassan Aourid
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