Hiba, violences, croyances… La peur a revêtu, au fil des siècles, des formes qui ont façonné les contours de la société et les rapports complexes qui la lient au pouvoir.
La peur est susceptible de prendre plusieurs formes. Elle peut revêtir un caractère existentiel face à l’immensité du Cosmos, à l’image de la célèbre phrase de Pascal : «Ce grand vide m’effraie». Elle peut être l’expression de conscience, et Dieu en serait un des attributs. Le summum de la sagesse, dit-on dans la tradition musulmane, dans un propos attribué au Prophète, est la crainte de Dieu.
Mais la peur peut être un mode de gouvernance où le détenteur du pouvoir, quel que soit son titre, s’assure l’obéissance autant de ses serviteurs que de ses sujets par l’institutionnalisation de la peur. Il ne s’agit pas que d’actes d’horreur exécutés publiquement et relayés, il est question de faire en sorte que la peur soit intériorisée. Cela tient à des faits rendus publics, à une mémoire entretenue, à des légendes, voire à un cérémonial qui suscite la crainte révérencieuse, connue dans la tradition arabo-islamique, par « Hiba ».
La peur, le mystère adossé à un mythe, et l’intérêt, ont été, à côté de la tradition, parmi les principaux instruments du pouvoir, au-delà de la force brute.
Par Hassan Aourid
Lire la suite de l’article dans Zamane N°108 (Novembre 2019)