L’histoire du Maroc a connu, au fil des siècles, une ritualisation progressive de la peur collective, au point de générer des entités à part (ribat, zaouia, confrérie…) à la confluence du religieux et du politique.
Les manifestations de la peur sont multiples. Elles revêtent plusieurs formes, allant de la verbalisation personnelle à l’expression collective d’un repentir et d’une pénitence souvent difficile à expliquer. Dans l’histoire du Maroc, la peur a souvent été repérée dans des cultes et des rituels organisés à l’adresse de forces occultes (moussems, processions autour des sanctuaires et marabouts, litanies sacrées, offrandes…). Quand et comment les Marocains ont-ils adopté ces pratiques en vue d’éradiquer la peur ?
Peur divine et détresse collective
Dans leur grande colère, les divinités punissent l’humanité par un certain nombre de fléaux : les sauterelles qui viennent anéantir les récoltes, les pluies diluviennes qui s’abattent sur la terre et emportent tout. Mécontents, les dieux peuvent quitter la terre et aller se tenir loin, quelque part dans les cieux, abandonnant ainsi les humains à leur sort et libérant du coup les mauvais esprits qui s’emparent du monde et sèment la terreur, le désordre, les malheurs et les ténèbres. C’est le signe que les dieux ne sont plus là.
Par Moulim El Aroussi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°108 (Novembre 2019)