Tolbas, pluriel de talib, signifie à la racine et littéralement en arabe classique un étudiant, quelqu’un à la recherche de la connaissance et du savoir. Mais dans le langage courant, il s’agit d’une personne qui a passé une grande partie de sa vie à apprendre le Coran, le mémoriser et le répéter dans des occasions aussi bien heureuses comme le mariage, le baptême ou la circoncision, que malheureuses comme la mort ou la maladie… Il ne lui est pas demandé de comprendre le livre sacré et encore moins de l’expliquer. Le même terme s’appliquait et s’applique toujours à des étudiants des universités religieuses comme l’Université la Qaraouiyine de Fès, la Zitouna à Tunis ou Al Azhar au Caire. Mais depuis le retour des guerres religieuses suite à la révolution iranienne, ce terme a pris une importance internationale. C’est grâce aux étudiants des écoles coraniques afghanes et pakistanaises que le monde, surtout occidental, découvrit pour la première fois ce mot sous la prononciation de taliban, et il s’agit bien des tolbas à la marocaine.
Les Talibans en Afghanistan ont été dépoussiérés par les services secrets pakistanais en liaison étroite avec la CIA, pour être réutilisés contre l’occupation soviétique. Mais on a surtout éveillé chez eux l’instinct de vengeance. Les Talibans et tout le savoir qu’ils portaient ont été évincés par l’avènement de l’école moderne, produit logique de l’intervention coloniale dans nos pays. Ils ont été mis sur les bancs de l’histoire. Ils ne pouvaient plus ni guérir ni arrêter les catastrophes, ni même assouvir la soif spirituelle et mystique des gens car l’art, le cinéma et la chanson, médiatisés à force d’ondes radiophoniques puis télévisuelles et via la toile par la suite, ont détrôné leurs pouvoirs. Le taleb se voit de plus en plus évincé de la vie. Ainsi il s’est remis à faire de la politique. Mais la politique, à elle seule, ne suffit pas car il faut des supports médiatiques et des pratiques qui peuvent s’ancrer dans l’habitus des gens.
Or, avant l’intervention étrangère, un taleb pouvait facilement imaginer sa trajectoire. En accédant à l’école coranique dans sa ville, son village ou son douar, et, s’il était doté d’une mémoire biologique forte, il était assuré d’aller à l’université traditionnelle, d’être investi d’un rang de docteur de la loi par un groupe de théologiens de son pays. Il s’agissait essentiellement de mémoriser et de restituer le texte du livre sacré et ses innombrables explications et commentaires. Cela lui conférait de devenir ‘Alem (savant) et de dispenser le savoir. Les savants (les théologiens) ne faisaient que surveiller l’application de la charia et l’observance scrupuleuse de la tradition. Pour cela, ils n’avaient nullement besoin d’intelligence.
Il était donc normal qu’ils gardent une haine presque génétique de l’intervention coloniale. Or, malgré ses effets probablement négatifs pour l’ensemble de la communauté, cette intervention avait désarticulé les structures traditionnelles de la société. Les tolbas en ont payé le prix fort. L’occasion leur a été, donnée du temps du mouvement national, de prendre leur revanche, mais ils ont été encore une fois dominés par le produit de l’école moderne. Des personnes qui maîtrisaient les langues étrangères et connaissaient plus ou moins les rouages du monde ont été mis au-devant de la scène. Alors les tolbas ont préféré reprendre tout à zéro. Ils sont allés dans les campagnes, dans les villages, préparer leur force avant de revenir en masse investir les grandes villes. Ils ont transformé la société en profondeur : les actes, les gestes, les attitudes, les costumes, tout doit renvoyer au passé. Ils ont éradiqué les aspectes de la modernité qui sont synonymes pour eux de la colonisation. Mais ils sont restés prêcheurs et sans aucune connaissance de la gouvernance de la vie moderne. Ils ont encore une fois essuyé un échec.
Aujourd’hui, ils reprennent la bataille à travers la langue. Pour eux, parler de l’enseignement des sciences dans une langue étrangère signifie le français. Une bataille de vie ou de mort, disent leurs guides idéologiques.
Ils évoquent encore aujourd’hui les colons et la colonisation.
Par Moulim El Aroussi, conseiller scientifique de Zamane
Le pouvoir POLITIQUE & SOCIAL des tolbas s’est imposé lorsqu’il leur a été demandé de produire sous semble-t-il le 3ème Calife « Bien Guidé » et deux fois plutôt qu’une gendre du Prophète, ‘Uthmaân Ibnou ‘Affaân, « UN & UN SEUL CORAN » officiel pour toute la Oumma !
Depuis, nos tolbas n’ont jamais cessé de chasser auprès des Cours Califales tout savoir susceptible de mettre leurs « SCIENCES », leurs ‘IL’M en question !
La victoire des tolbas fût consommée, totale et définitive de Baghdad à Cordoue dès le XXIème siècle ! Depuis, tout savoir philosophique ou scientifique fût banni des Cours par nos tolbas et pour eux, jusqu’à aujourd’hui, cette fin d’automne grise et triste du jeudi 2 Rabi’al’Akhir 1 441, correspondant à l’an de grâce 2019 (28 novembre). Après avoir fini par détruire la brillante civilisation musulmane en Espagne et partout ailleurs, les voilà aujourd’hui en train de détruire l’islam en tant que religion et, croyez-moi, ils vont réussir car nul ne peut convaincre avec la raison et la science un « savant en religion », un taleb, un ignorant qui s’ignore !
SVP : Lire XIème siècle et non pas XXIème siècle comme écrit ci-haut dans la phrase : « La victoire des tolbas fût consommée, totale et définitive de Baghdad èa Cordoue dès le XIème siècle,
Merci.