Une mission scientifique a effectué, fin 2021, une mission de fouilles de sauvetage et de restauration de la synagogue d’Aguerd Tamanart, dans le Sud-Est marocain. Voyage au plus près de cette belle expédition aux allures de machine à remonter le temps.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, faisons une petite présentation de la région. Tamanart relève de la province de Tata, dans le Sud-Est du royaume. Délimitée au nord par Tiznit, à l’est par Guelmim, à l’ouest par Aït Ouabelli et au sud par Fom El Hisn, cette vaste commune (1834 km2) porte le même nom que son oued, dit Tamanart, l’un des affluents les plus importants de Oued Drâa. Son relief est caractérisé par l’existence de nombreuses falaises qui dominent les lits des oueds, créant des vallées étroites et des paysages panoramiques insolites. Au pied de ces reliefs se développent des champs, des végétations, constitués notamment d’oasis de palmiers qui sillonnent les vallées. La région de Tata, et plus particulièrement la commune de Tamanart, présente une homogénéité physique avec un paysage oasien dans les endroits où le potentiel hydrique est facilement exploitable, et un paysage désertique dans les zones sahariennes et rocailleuses. En termes de richesse patrimoniale, les prospections conduites dans la région ont permis la découverte de plusieurs indices archéologiques remontant au paléolithique, dont des sites de plein air, riches en outillage lithique. La province a connu depuis ces périodes du paléolithique un peuplement intense, matérialisé par des dalles gravées composant les quelques 120 sites rupestres découverts à ce jour. Les centaines de «tumulus» préislamiques parsemant tout le territoire, apportent un indice supplémentaire sur une présence humaine forte et ininterrompue.
Une équipe scientifique de haut niveau
Ces travaux, autorisés par le ministère de la Culture, placés sous la responsabilité du Professeur Saghir Mabrouk, ont duré cinq jours, du 21 au 25/11/2021, pendant lesquels un matériel archéologique important a été mis au jour par l’équipe de recherche composée de : Saghir Mabrouk, Professeur de l’enseignement supérieur à l’INSAP, Salima Naji, Architecte et Anthropologue, David Goeury, Docteur à l’Université de la Sorbone à Paris, Orit Simha Ouaknine, Professeur anthropologue à l’Université Ben-Gurion du Néguev, Yuval Yekoutiel, Professeur archéologue à l’Université Ben-Gurion du Néguev. Il s’agit en effet d’une première fouille maroco-israélienne dans la province de Tata, financée par le Centre Chaim Herzog pour les études et la diplomatie du Moyen-Orient, dirigé par la professeure d’anthropologie Orit Ouaknine de l’université Ben Gourion du Néguev. Aussi, cette intervention s’inscrit dans une démarche participative qui vise à associer et sensibiliser les communautés, les élus, les représentants de l’autorité et tous les composants de la société civile afin de s’assurer que ce patrimoine reste un patrimoine partagé.
Par Larbi Berouane
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