La presse lui a aussitôt trouvé un surnom. A peine éclos, le «FBI marocain» est une vedette à l’américaine. Doté d’une structure moderne, le BCIJ est au cœur de l’actualité sécuritaire du pays depuis sa création en mars 2015. D’où vient-il ?
Bien que le BCIJ soit un service de sécurité civile, il n’en reste pas moins une émanation des Renseignements sous la tutelle de la toute puissante DGST (Direction Générale de la Surveillance du Territoire). Une affiliation qui remonte aux premières années du Maroc indépendant. En 1959, le jeune Etat marocain hérite des Français le sinistrement célèbre Premier Cabinet (le Cab 1). Les années troublesqui suivent engagent le premier service de renseignement intérieur sur le modèle d’une police politique secrète. Sa mission consiste essentiellement à contrer l’opposition au régime monarchique. La succession des coups d’Etat à l’aube des années 1970 consacre l’échec d’une structure qui plonge dans la clandestinité et l’opacité. Elle sera rapidement détrônée par la création officielle de la DGST par dahir du 12 janvier 1973. A travers la lente démocratisation du pays à la fin des années 1980, la menace change de forme. Les révolutionnaires d’extrême gauche laissent le rôle du méchant aux mouvances islamistes. L’appareil sécuritaire doit s’adapter à une nouvelle configuration. Jusqu’en 1999, c’est l’omnipotent Driss Basri qui dirige le service devenu entre temps DST. Le nouveau règne change les hommes, mais pas la structure. Il faut attendre les attentats du 16 mai 2003 pour que les renseignements subissent un nouveau tournant. La loi anti terroriste promulguée dans la foulée y est entièrement consacrée. Cependant, la décennie 2000 est marquée par les dérives et des affaires gênantes à l’image de la supposée sous-traitance des interrogatoires de suspects arrêtés par la CIA. Avec l’avènement de la nouvelle constitution en 2011, les services sont également sommés d’intégrer l’orientation d’un futur Etat de Droit. La création du BCIJ répond également à cet impératif. Le Bureau doté de moyens exceptionnels devient par la même occasion la partie visible de l’iceberg DGST.