Au Maroc, beaucoup, du citoyen Lambda au chercheur et à l’érudit, ont prédit la fin du monde entre le début du XIXème siècle et le début du XXème. La perspective, alors imminente, du Protectorat, y est pour quelque chose. En plus de la persistance de certaines croyances très ancrées dans la société marocaine de l’époque…
L’islam, comme les autres religions, a élaboré des croyances à caractère eschatologique. Le phénomène n’est pas propre à l’islam, mais à la religion d’une manière générale, et à des questionnements que l’humanité se pose depuis la nuit des temps. On parle de fin des temps, de «Yawm al-Hissab» (jugement dernier), de «’Alamat al-Sa’a» (signes de l’heure)… Le discours eschatologique est très présent dans les écrits savants, mais aussi dans la culture populaire. Le phénomène a surtout connu une recrudescence à partir du XIXème siècle, surtout à fin. Et il y a bien une raison à cela. Cette datation a, en effet, toute son importance et n’est pas le fruit du hasard. La fin du XIXème siècle est la période où les puissances européennes, assimilées à «Bilad al-Koufr» ou «Bilad al-Harb» (littéralement «terres des impies et de la guerre»), ont commencé à occuper la plupart des territoires administrés ou habités par des musulmans. La culture islamique utilise un ensemble d’images traitant de la fin de l’homme et de l’univers, avec plusieurs signes avant-coureurs. Au-delà des textes fondateurs, la présence du thème eschatologique est permanente dans la culture savante et populaire. Dans l’histoire du Maroc, la «menace» se précisa, plus clairement que jamais, à la fin du XIXème siècle.
Par Younes Mesoudi
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