A l’indépendance, la Mauritanie et le Maroc auraient pu devenir une seule nation, comme en rêvait le chef nationaliste. Mais les ex-colonisateurs avaient tout intérêt à les diviser.
La proclamation de la carte du Grand Maroc au Caire, le 16 juin 1956, par le leader nationaliste Allal El Fassi était un rappel des revendications territoriales du Maroc déjà annoncées dans un discours à la Jeunesse istiqlalienne le 25 mars. L’acte du Caire répondait à la démarche législative présentée devant le parlement français, quelque jours auparavant, proposant d’annexer le désert algéro-marocain au département du Sahara français. Déjà dans son livre L’Autocritique (1952), Allal El Fassi avait stipulé que «dans notre lutte pour l’indépendance, nous devons penser à Ifni comme à Fès, ou au Fahs de Tanger». Dans un autre livre de 1948, intitulé Les mouvement indépendantistes du Maghreb arabe, il spécifiait que le mouvement nationaliste marocain en soi même avait été initié par un Sahraoui, Mae El Aïnin, qui avait critiqué son ami Moulay Abdelaziz pour ne pas avoir défendu la Mauritanie. Dans le même livre, il rappelait que l’activiste nationaliste Mohamed Laatabi avait évoqué la question de la Mauritanie en 1917, dans un congrès à Stockholm ; après quoi ledit congrès avait adopté une motion de soutien aux revendications nationalistes marocaines.
Le nationalisme marocain n’a donc pas attendu 1956 pour découvrir subitement que le Sahara était une partie intégrante du Maroc. Il s’agit là d’une réalité naturelle. Un jour de janvier 1992, à Nouakchott, alors que je faisais partie d’une délégation de la Koutla démocratique (Istiqlal, USFP et OADP), un journaliste mauritanien a voulu me poser une question-piège. Il m’a demandé si mon parti (l’Istiqlal) était toujours convaincu de la marocanité de la Mauritanie.
Par Mohammed Larbi Messari
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