L’histoire constitutionnelle marocaine, faite d’hésitations et de petites avancées, n’a pas profité d’un texte audacieux du siècle dernier, qui pourrait encore nous inspirer.
Il est curieux de constater les fluctuations de l’intelligentsia politique marocaine quant à la question centrale de la modernisation de la constitution du Royaume. Les changements de position, de ton, de priorités et de procédures n’ont d’égales que les hésitations chroniques face aux principes universels culturels, intériorisés comme une menace à une prétendue « identité » momifiée. Depuis l’avènement de la modernité comme processus universel de rationalisation des pratiques sociales et politiques, les intelligentsias marocaines successives n’ont cessé d’alterner périodes d’ouverture et de fermeture du « système marocain »; d’aspiration au changement, et de peur vis-à-vis de ce même changement; d’emprunts multiples à l’universalisme, suivis de régressions spectaculaires où l’identification identitaire hypothèque l’essentiel des acquis de modernisation des mœurs et des pratiques. Le phénomène est tellement cyclique que certains intellectuels ont essayé de le définir. On a parlé du « syndrome de l’inachevé », du « mythe de Sisyphe »… même le sultan Moulay Abdelhafid (1908-1912) a rédigé après son abdication un long manuscrit intitulé Les racines du mal sont séculaires !
La comédie des élites
Depuis une décennie, le mouvement pendulaire de la réforme constitutionnelle est rythmé par les significations évasives de certaines phrases du roi Mohammed VI. Il semble acquis, chez une bonne partie des intelligentsias (en particulier celle qui se croit autorisée à expliquer le discours officiel), que la réforme constitutionnelle -si réforme il y avait- reflèterait uniquement la volonté royale. Aussi faut-il l’attendre, la déchiffrer et l’expliquer selon un commentaire politicien qui en ferait une vérité sacralisée.
Par Mostafa Bouaziz
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