La bataille d’El Herri, le 13 novembre 1914, est l’un des épisodes les plus sanglants de la pénétration française au Maroc. L’assaut contre les tribus Zaïan du Moyen-Atlas provoque une riposte massive et inattendue qui décime les rangs de l’occupant. Un désastre qui ébranle sérieusement la Résidence générale.
Bien avant l’instauration officielle du Protectorat français au Maroc, le 30 mars 1912, le processus d’infiltration et d’occupation semi-clandestine déclenché par le général Lyautey à partir de la frontière algéro-marocaine permet aux troupes françaises d’étendre leur domination sur de vastes régions du pays : Oujda est occupée en mars 1907, Casablanca en août, Boudenib en mai 1908. Une fois le protectorat imposé en 1912, cette conquête se poursuit activement et permet d’achever, en deux ans, l’occupation des riches plaines et des principales villes du « Maroc utile », malgré la résistance patriotique acharnée opposée par les populations rurales.
La montagne, en revanche, échappe encore à la domination française, notamment le Moyen-Atlas Central, qui présente incontestablement un intérêt stratégique et économique. Cette région va devenir un enjeu capital de la guerre d’occupation, car c’est là que se retranchent ceux qui refusent de se soumettre. Pendant de longues années, ils vont mener une guerre sacrée farouche contre l’envahisseur, galvanisés et mobilisés derrière leurs chefs locaux, pour défendre leur foi, leur sol, leur liberté et celle de leur pays. Ces guerriers pasteurs réussissent plusieurs fois à vaincre les armées d’occupation, notamment à El Herri, en pays zaïan, au tout début de la Première Guerre mondiale. Cette bataille est l’un des épisodes les plus héroïques de la résistance populaire à l’occupation étrangère.
Par Mohamed Bekraoui
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