Rares sont les animaux disparus jouissant encore d’un tel prestige au Maroc. Le lion est l’emblème du trône alaouite où deux félins encadrent le blason dynastique. Symbole de puissance, ils apparaissent également comme protecteurs des descendants de Moulay Ali Cherif. Avant eux, les têtes couronnées du pays ont aussi profité de la formidable aura des lions. Ibn Toumert déjà, idéologue et fondateur de la dynastie Almohade au début du XIIème siècle, usait du lion pour impressionner les gens. Il est raconté que durant les cérémonies importantes, le Mahdi almohade faisait assoir des lions dressés au pied de son estrade. Il passe ainsi pour le maître des hommes, mais aussi celui des bêtes, même les plus féroces d’entre elles. Une prouesse qui, pour le commun des mortels, tient du surnaturel. Dans ce registre, la légende du saint le plus célèbre de Casablanca est une histoire de lion. Sidi Belyout dont le nom est tiré de ‘Al Layt’ (lion en arabe classique), s’est retiré de la civilisation, las des hommes et de leur perfidie. Préférant se faire dévorer par les animaux sauvages, il se rend dans les forets avoisinant Anfa. Miracle et preuve de sa sainteté, l’homme devenu saint, est connu comme le protégé des animaux et des lions en particulier. Le lions de l’Atlas, qui prête son nom, et on l’espère, sa réputation, à la sélection marocaine de football, est prisé depuis les temps les plus reculés. Il est le principal fauve utilisé lors des jeux du cirque romains, importé depuis nos contrés dès l’antiquité. Star en dehors de ses frontières, il est exhibé en 1200 dans le zoo royal situé dans la tour de Londres. Pour montrer sa considération, un sultan marocain ne peut offrir de plus prestigieux présent qu’un véritable lion de l’Atlas. Malgré tout, sa disparition inévitable survient au cours des années 1910. Depuis, il hante toujours l’imaginaire de notre société.
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