Le Maroc n’a pas attendu l’anniversaire de la 18ème année de règne de Mohammed VI pour changer. Dès les premiers jours et semaines ayant suivi son intronisation, le changement était bien là, touchant d’abord à la symbolique (le cérémonial, le style personnel) avant d’affecter des questions de fond. C’est sans doute sur le plan social que le changement a été le plus spectaculaire avec l’introduction, tout à fait audacieuse, d’une nouvelle Moudawana. Un geste fort envers les femmes, signant l’entrée du royaume, enfin, de plain-pied dans une nouvelle ère beaucoup plus égalitaire. Le deuxième geste le plus fort a été la réouverture du dossier sombre des années de plomb, via la création de l’Instance équité et réconciliation (IER) en 2004. Un geste impensable quelques années auparavant. Le changement a touché, bien évidemment, d’autres secteurs, d’autres questions délicates. Le champ religieux par exemple, dont la réforme en profondeur a été accélérée, surtout depuis l’irruption du terrorisme et de la déviation du discours religieux comme réalités de notre époque. Sur le plan économique, et comme prévu, le règne de Mohammed VI s’est inscrit dès le début dans une veine réformatrice (renforcement des infrastructures, notamment dans le secteur routier), consolidation des secteurs de l’agriculture et de l’industrie, une attention nouvelle accordée à l’environnement, etc. Sur le plan politique, le Maroc a su traverser, sans ambages, les vagues du Printemps arabe, en gagnant au passage une nouvelle Constitution, la plus libérale de toute son histoire. Ce qui a permis, aussi, une sorte de deuxième alternance (après celle de la gauche) avec la transition en douceur des islamistes. Toutes ces réalisations, tous ces changements, et bien d’autres, ont été rendus possibles grâce à l’effort personnel du souverain, mais aussi à la « poussée » remarquable de la société civile. Avec, en face, une jeunesse désormais à l’heure des réseaux sociaux, constituant au fil du temps une authentique opinion publique avec laquelle le Maroc qui gouverne doit, de plus en plus, composer. Ces points positifs demandent, sans doute, confirmation. Le Maroc a ouvert des voies qui ont touché à de multiples compartiments. Il lui appartient, demain, d’emprunter réellement et complètement ces voies, il lui appartient aussi de corriger les imperfections et de vaincre, surtout, les résistances et les tentations – tentatives de retour en arrière. Zamane sonde, pour vous, ces 18 années, longues et riches, qui constituent déjà une histoire à part entière. Une belle histoire. Bonne lecture.
Par La rédaction
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