Même avec plus de 500 kilomètres de côtes sur la Méditerranée, le Maroc peut à peine prétendre être méditerranéen. Comment expliquer cette énigme historique ?
Pendant cinq siècles d’occupation espagnole (1415-1912) de la plupart des villes et des localités importantes de sa façade méditerranéenne, le Maroc a fini par perdre contact avec la mer la plus fréquentée du globe, surtout cette Méditerranée occidentale que l’on appelait autrefois «le canal de l’Andalousie». Sorte de mer intérieure quand la métropole de Sebta n’était pas encore une simple «frontera». Dans les rapports de la côte méditerranéenne avec le reste du pays, c’est d’abord le caractère montagneux du pays rifain qui vient à l’esprit. En forme d’arc qui longe la côte méditerranéenne, les montagnes du Rif s’imposent comme un obstacle formidable entre l’intérieur du Maroc et la Méditerranée. Un arc qui s’ouvre sur la mer et s’adosse au reste du pays. D’ailleurs, les habitants des villes côtières du nord désignent toujours ce «reste du pays» qui est au-delà des montagnes comme «al-dakhiliya», littéralement «l’intérieur», comme si eux se trouvaient à l’extérieur du pays ! Et cette appellation ne date pas des temps coloniaux.
Mais les montagnes n’ont jamais constitué un obstacle entre une région et une autre. Pour rester dans le Rif, il suffit de mentionner que Badis, aujourd’hui localité insignifiante à l’ouest d’Al Hoceima, était jusqu’au début du XVIème siècle, le port principal de la ville marchande de Fès. Cette même ville avait «inventé» le fameux «triq al-sultan» (route du sultan) qui la liait au Tafilalt et au Sahara sans se soucier des hauteurs colossales de l’Atlas. C’est dire que pour expliquer «le mal méditerranéen» du Maroc, il faut peut-être creuser ailleurs.
Par Mohamed El Mansour
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