Sociologue et urbaniste, Abderrahmane rachik a publié plusieurs travaux de grande qualité, qui mettent en avant des questions aussi sensibles que la politique de la ville, la transition démographique, le «hirak» social et la réponse de l’état. De fil en aiguille, il nous explique comment le Maroc a évolué sur toutes ces questions a priori disparates, mais reliées en fait par un fil invisible, qui n’a jamais été rompu…
Tout d’abord, quel a été votre parcours depuis l’enfance jusqu’aux études supérieures ?
Je suis né en 1956, à l’époque de l’indépendance du Maroc, à Rabat, et après une courte période, la famille a déménagé à Casablanca. Avant cela et en raison de l’activité de mon père et de son engagement nationaliste, il a du fuir Aoulouz, dans la région de Taroudant, où il était recherché par les autorités françaises. C’est ainsi que la petite famille s’est installée à Rabat pour une courte période. Je suis né dans ce contexte, et j’ai grandi plus tard à Casablanca, dans le quartier du Hay Mohammadi, puis à Derb Sultan. J’ai eu mon bac au célèbre lycée Moulay Abdellah, en 1977, puis je me suis rendu directement à Grenoble, en France, pour terminer mes études supérieures.
Y a-t-il un événement personnel, ou national, qui a marqué votre jeunesse plus qu’aucun autre ?
Les événements de 1965, incontestablement. Même si je l’ai vécu étant enfant, je me souviens encore de la rue, de la peur et de la panique des gens face à la violence, au désordre, à la répression… Je me souviens aussi de ce qu’a vécu notre génération au début des années 1970 avec les deux tentatives de coup d’état (Skhirat et le Boeing royal). Je me suis retrouvé plus tard en France, à partir de la vingtaine et ma vie a été alors différente de celle de la jeunesse marocaine restée à l’intérieur du pays.
Propos recueillis par Ghassan El Kechouri
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