Après des années d’errance et une première crise économique en 1964, le Maroc vit une sorte de parenthèse enchantée de 1968 à 1974. L’état, sous l’égide du jeune souverain mais aussi du FMI et de la Banque Mondiale, lance un plan de redressement efficace. Mais jusqu’à quel point ?
Moins de dix ans après l’indépendance, le Maroc est en faillite, et ce à tous les niveaux. En 1964, le pays accumule les déficits et traverse sa première crise économique. Double conséquence : l’Etat adhère officiellement au libéralisme économique, déjà présenté par l’Occident comme le seul moyen crédible pour assainir les finances publiques et relancer l’économie ; et dans la foulée, le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale font leur entrée sur la scène marocaine. Après un “plan quinquennal” (1960-1964), axé sur l’industrialisation, le développement du secteur agricole et la formation des cadres, jugé trop ambitieux, les deux organismes internationaux inspirent un plan plus “raisonnable” à l’Etat marocain, censé amener une stabilité économique. Résultat, le gouvernement adopte un autre plan quinquennal (1968-1974) dédié cette fois-ci à la croissance du secteur agricole, au développement des industries légères exportatrices, au développement du tourisme et à la formation des cadres. Au marasme économique, s’ajoute une situation politique explosive et autoritaire : les sanglantes émeutes du 23 mars 1965, la disparition du leader socialiste Mehdi Ben Barka le 29 octobre 1965, l’instauration de l’Etat d’exception, la répression ou encore les grèves universitaires, syndicales et ouvrières tout au long des années 1966-1967…
Par Nina Kozlowski
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