Quand le Maroc recouvre son indépendance, Sidi Ifni, petite enclave du sud, est sous souveraineté espagnole et le restera jusqu’en 1969. L’histoire entre ce petit bout de territoire et l’Espagne remonte au XVe siècle, et a suscité bien des remous, dont une guerre, quasiment oubliée aujourd’hui. Récit.
Après la Seconde guerre mondiale, à l’heure où la primauté revenait à un contexte international de décolonisation, l’Espagne, elle, a maintenu contre vents et marées son colonialisme au Maroc. A Sebta et Melilia, mais surtout, summum de la curiosité, à Sidi Ifni jusqu’en 1969. Pour essayer de faire passer la pilule, les Espagnols, à partir de 1934 et l’occupation effective de ce territoire, mais surtout sous le régime franquiste, ont succombé à la tentation d’arranger, si ce n’est falsifier, l’histoire. Ou comment Sidi Ifni est devenue le paradis perdu de l’Espagne. Selon le franquisme, le fait que Sidi Ifni appartienne à l’Espagne était une destinée naturelle, alors qu’en fait il s’agirait plutôt d’un aléa de l’histoire. La légende dorée de ce territoire perdu remonte à l’époque des grandes conquêtes de La Couronne, entre 1404 et 1496. A cette époque, l’empire espagnol et la monarchie accordent « le droit des individus à la conquête », tout en se réservant le droit à la souveraineté. Sous ce régime, l’ensemble de l’archipel dit aujourd’hui des Canaries est découvert et conquis : Lanzarote en 1402, Fuerteventura en 1405, La Gomera et Hierro en 1443, et enfin Gran Canaria en 1483, Palma en 1493 puis Tenerife en 1496. Les conquistadors entrent alors en contact avec une partie de l’Afrique de l’Ouest et le Maroc, appelé à cette époque « Berbérie », pour effectuer des incursions mais aussi s’adonner au commerce d’esclaves (les insulaires des Canaries sont vendus aux seigneurs d’Afrique du Nord, tandis que les Espagnols achètent des esclaves noirs pour les exploiter dans les plantations de canne à sucre de l’archipel).
Par Nina Kozlowski
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