En 1820, une rébellion extrêmement violente éclate à Fès. Elle est fomentée par les notables traditionnels contre Moulay Slimane, un sultan affaibli et favorable à l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie. Récit d’une revanche vaine mais explosive.
À l’origine de l’embrasement, une lettre aux forts relents d’abdication. Fès, année 1820, «les révolutions ont dépassé toutes les bornes et le mal qui en résulte s’est généralisé», écrit An-Nassiri, considéré comme le plus grand historien marocain du XIXème siècle. La capitale spirituelle vient de subir une série de pillages perpétrés par un contingent de l’armée makhzénienne, tandis que l’Empire chérifien est en proie à une quasi-anarchie. Rien ne va plus. Le sultan Moulay Slimane est pointé du doigt. Est-il encore capable de tenir son pays ?
La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le sultan a enchainé les déroutes militaires. Dernière en date : celle de 1819, où le souverain a échoué à mater un soulèvement au Moyen-Atlas, face à la coalition des tribus sanhaja, zénètes et zemmour. Une bataille au cours de laquelle Moulay Slimane a perdu des plumes, et pas des moindres. Une partie de son armée est laminée. Son fils Moulay Brahim est tué et Moulay Slimane en personne est fait prisonnier pendant plusieurs jours, avant d’être libéré.
En termes d’image de marque, difficile de faire pire. La nouvelle se répand en effet dans l’ensemble du pays. L’évènement est vécu comme une catastrophe nationale, particulièrement à Fès. En réalité, ce camouflet marque le début de la dislocation de l’Etat ; le début de la fin pour Moulay Slimane.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°98 (janvier 2019)