En 1911, une épidémie de peste éclate dans la région des Doukkala. Alors que les médecins militaires français tentent de retracer son origine, la France se saisit de ce fléau pour justifier sa présence au Maroc et étendre sa domination.
« L’année de la peste », voilà comment a été surnommée 1911. Cette année-là, au cœur de l’été, une terrible épidémie de peste éclate dans la région des Doukkala. La première depuis 1818; presque un siècle. « Au Maroc, les mesures prises par le Conseil sanitaire de Tanger avaient empêché l’entrée de la peste venant du Portugal en 1899 et d’Oran en 1907, ainsi que du choléra en provenance de l’Italie, de la Tunisie et de l’Espagne en 1910-1911 », souligne Francisco Javier Martínez-Antonio, spécialiste de l’histoire de la médecine. Les premiers cas de peste auraient été détectés le 8 juillet, dans le territoire des Ouled Bouaziz, près d’El Jadida. En septembre, l’épidémie affecte déjà un espace de cinq-cents kilomètres carrés et provoque dix-mille morts. Petit à petit, parfois de façon sporadique, la maladie fait son chemin à travers le Maroc. Quelques cas éclatent dans la Chaouia, à Safi, Casablanca, Rabat-Salé, avant de remonter vers le nord et frapper les villes de Larache, Ksar El Kébir et Tétouan en 1913. Sur place, Paul Remlinger, médecin militaire et biologiste, envoyé par les autorités françaises au Maroc, tente de remonter aux origines de cette épidémie de peste.
Par Nina Kozlowski
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