En janvier 1996, en pleine campagne d’assainissement, éclate l’affaire Benabderrazik. Ce pharmacien est accusé par les autorités d’importer des produits contaminés par le sida et l’hépatite C. Vingt ans plus tard, la vérité, toujours ailleurs, n’engage que les protagonistes de cette sombre affaire. Récit.
«Vers 11 heures du soir, un de mes employés m’appelle au téléphone. Il m’avertit que des policiers et une équipe de télévision s’activent autour de mon local des Roches Noires. Le lendemain matin je me rends sur place». Mohamed Moncef Benabderrazik, pharmacien de son état, est loin de se douter que cet épisode n’est que le prélude à un feuilleton dramatique dont il va devenir l’acteur principal. Une affaire qui va vite faire le tour des médias nationaux et étrangers, qui ne tardent d’ailleurs pas à lui trouver des noms. Ce sera « l’affaire des gammaglobulines », « du sang contaminé » ou, plus simplement, «l’affaire Benabderrazik». Elle touche le grand public un 29 janvier 1996 suite à un communiqué du ministère de la Santé : «Dans le cadre de la lutte contre la contrebande et suite à la saisie de produits pharmaceutiques, le parquet de Casablanca-Anfa a ordonné à l’Institut Pasteur du Maroc d’effectuer des contrôles. Les résultats confirment l’existence d’anticorps anti-virus de l’hépatite C et des anticorps du sida».
L’Etat marocain, à travers son ministère de la Santé, accuse donc ce pharmacien casablancais, père de trois enfants, d’importer des produits contaminés, donc dangereux pour la population. L’opinion publique, terrorisée par le sida, que l’on décrit comme « le mal du siècle », repense aussitôt à l’autre affaire de sang contaminé qui a ébranlé la France quelques années plus tôt. Au début des années 1990, un retentissant procès a en effet révélé la vérité sur des lots de sang contaminé, dont certains par le sida, qui ont été administrés à des malades hémophiles lors de transfusions quelques années auparavant.
Par Sami Lakmahri
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