Avant le «Guide du Routard», il y a eu, au XIXème siècle, le guide Beaumier, véritable manuel pour les étrangers, bien rares, qui voulaient voyager à leurs risques et périls au Maroc.
Les guides touristiques sur le Maroc ont existé bien avant la colonisation, quand le pays était encore officiellement fermé aux étrangers et que seule une poignée d’invités dûment répertoriés et autorisés par le sultan lui-même pouvaient sillonner quelques zones bien restreintes de Bled Makhzen. L’un des premiers étrangers à avoir rapporté ses impressions sur le Maroc est Jean Armand, dit Mustapha, un Turc venu en France pour enseigner les langues étrangères, et que le cardinal Richelieu convertit au catholicisme avant de lui confier deux expéditions marines en 1629 et 1630. Son livre intitulé «Voyages d’Afrique», publié en 1632, décrit les «Costes Occidentales des Royaumes de Fez & de Marroc». Ce livre est considéré aujourd’hui par les bibliographes comme un classique, un «des plus anciens ouvrages français relatifs au Maroc». Il y a eu bien entendu d’autres témoins du Maroc et des Marocains avant et après Mustapha, mais il s’agissait de souvenirs d’envoyés spéciaux des puissances européennes auprès du sultan, ou de récits d’anciens captifs européens dans les geôles marocaines. Mais ces témoignages étaient circonscrits à la cour, romancés ou, dans le cas des captifs, se rapportaient uniquement à leurs souvenirs de prison.
Par Adnan Sebti
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