À travers l’histoire du Maroc, l’impôt s’est progressivement imposé dans le temps et dans les espaces constitués en collectivités publiques. Destiné à financer des activités non impliquées directement dans la production des richesses, l’impôt sera le fruit d’un long processus de division du travail.
La principale force du système fiscal actuel est basée, tout au moins théoriquement, sur l’adhésion libre et volontaire du citoyen à l’impôt, ce que résume le concept de « civisme fiscal ». D’où la nécessité évidente d’œuvrer pour le développement d’une prise de conscience quant à la place de l’impôt dans toute formation sociale. Tourner le dos à cette dimension, c’est aussi continuer à méconnaître la nature des faiblesses qui caractérisent le système fiscal actuel.
La main qui « donne »
La fiscalité est l’exemple typique où la multidisciplinarité est incontournable. Initialement perçus comme ces « mains qui prennent », cette main de l’État (Peter Sloterdijk, dans Repenser l’impôt, Libella, 2012), les systèmes fiscaux modernes et démocratiques ont pour ambition d’inverser ce rapport en « mains qui donnent », ces mains de citoyens absolument convaincus qui font de l’impôt une valeur centrale et une vertu sans lesquelles la citoyenneté n’aurait aucun sens. La problématique est proche de celle du Code de la route. Comme il est impossible de mettre un policier à côté de chaque feu de circulation, de chaque panneau de signalisation routière, de chaque radar de contrôle routier, il est aussi impossible de mettre un contrôleur fiscal dans chaque entreprise, ou derrière chaque contribuable. Comment faire pour que l’individu se contrôle lui-même, intègre ces principes et valeurs et les fasse siennes ?
Par Abdelaziz Messaoudi
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