Pour dater les événements et la succession des mois et des années, les Marocains utilisent des calendriers différents. Retour sur les fondements historiques de notre rapport avec le temps.
Les cultures ont élaboré différentes manières de se représenter le temps. Elles l’ordonnent, le découpent et à cet effet, elles utilisent des repères et des unités de mesure, d’où l’usage des calendriers, des ères, de la datation et des périodisations.
On peut prendre comme point de départ un calendrier qu’une certaine « Imprimerie Bouayad » de Casablanca qui continue de produire depuis au moins quatre-vingts ans à l’approche du Nouvel an de l’ère chrétienne. Sur un support cartonné qu’on accroche au mur d’un bureau ou d’une boutique, on fixe un paquet de feuilles journalières détachables ; et pour chaque jour, il y a trois dates qui réfèrent à trois calendriers : le hijrî référant à l’Hégire, le grégorien (dit parfois en dialectal : idârî, littéralement « administratif »), et le filâhî (agricole), en plus d’un certain nombre de données pratiques comme les heures des prières, ou anecdotiques comme la pensée du jour qui a pris récemment un accent nettement plus religieux que par le passé. Or, si l’on considère que l’adoption du calendrier grégorien date de l’établissement du Protectorat et du pouvoir colonial franco-espagnol, notre tradition historique repose sur les deux autres éléments qui ont longtemps cohabité dans les pratiques sociales et les représentataions culturelles.
Par Abdelahad Sebti
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